Ami de l’égalité

Terrorisme contre communisme

Tarnac bouclé par la police

Que prouve cette opération àgrand spectacle ?

mercredi 19 novembre 2008, par Jean-Pierre Combe

- Au cours des derniers mois passés, des attentats ont visé la circulation des trains, pas seulement àgrande vitesse, sur le réseau des voies ferrées de notre pays. Ces attentats s’inscrivent au contraire de la tradition du communisme en France :

- ils sont de nature àdiviser de diverses manières le mouvement ouvrier de revendication, notamment en séparant les cheminots des autres travailleurs ; ils visent une entreprise encore publique que nous revendiquons de vouer au service public, et ne visent pas une force armée ennemie de la nation ; ils tendent àinstaller durablement la peur dans la vie sociale de notre peuple : ce ne sont pas des actes de guerre, ce sont au contraire des actes terroristes ; c’est le travail des cheminots qu’ils mettent en danger, et c’est au détriment du service public du transport par voie ferrée : les communistes sont en droit de dénoncer ces attentats comme contre-révolutionnaires et d’exiger que les coupables en soient recherchés et punis : c’est ce que je fais en rédigeant ce texte.
- Au moment où j’écris ces lignes, quelques personnes sont inculpées après avoir été arrêtées àTarnac (Corrèze) et en plusieurs autres localités de notre pays, et gardées àvue pendant quatre jours. La preuve de leur culpabilité n’est pas faite et l’enquête et le procès, s’ils sont conduits conformément aux exigences de la justice et de la simple honnêteté, peuvent encore apporter la preuve de leur innocence.
- Selon les informations rendues publiques, le chef de leur inculpation mentionne l’« association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Chose curieuse, la relation de ce chef d’inculpation avec les attentats commis contre la circulation des trains est floue ; assez floue pour permettre au gouvernement de maintenir les personnes arrêtées en détention au cas où l’enquête les disculperait de ces attentats.
- Mais il y a plus grave : la presse nous a appris les inculpations en même temps que l’ouverture d’une enquête judiciaire sur ces attentats, alors que depuis plusieurs jours, nous avions été informés de ce que la SNCF avait porté plainte, et alors que la veille ou l’avant-veille, la même presse avait fait état de ce qu’une autre enquête avait motivé la descente de police de Tarnac et autres lieux : les questions que cette chronologie soulève sont déjànombreuses, et toutes sont de nature àrépandre une grande inquiétude parmi les citoyens.
- Il y a encore pire : trois jours avant leur inculpation, dans les deux ou trois heures qui ont suivi l’arrestation de ces personnes, les journalistes de la télévision les plus proches du gouvernement ont annoncé l’opération de police en présentant les personnes arrêtées comme les auteurs, même pas présumés, des sabotages commis contre la circulation des trains, en des termes qui anticipent très largement sur leur éventuelle condamnation.
- De plus, ils les ont dépeints comme « membres d’une organisation d’ultra-gauche anarchiste », en des termes qui font de cette appartenance l’explication des attentats commis ; de cette manière, leur explication des attentats anticipe sur l’implication des personnes arrêtées et donc, tend àla réaliser en les condamnant d’abord : c’est une faute de méthode dans la recherche de la vérité ; cette faute tend àfaire prendre l’hypothèse pour le vrai, même si cette hypothèse s’avère ensuite fausse.
- Ce n’est pas tout : la ministre de l’intérieur, tous charmes déployés, a saisi l’occasion pour dénoncer les attentats contre la SNCF comme visant un symbole de l’état, alors que la SNCF est l’entreprise jusqu’àprésent nationalisée, dont nous revendiquons qu’elle continue d’assurer le service public du transport des marchandises et des voyageurs par voie ferrée ; elle l’a fait dans un cadre et dans un moment tels que n’importe quel téléspectateur verra dans son intervention une confirmation gouvernementale de la culpabilité des personnes arrêtées.
- Et encore : le contexte économique et politique de ces déclarations journalistico-gouvernementales et de ces arrestations est l’un des pires que notre pays ait connu depuis des décennies : pendant le temps où tout cela s’est produit, en effet, la situation économique faite aux travailleurs empire de jour en jour, celle faite aux titulaires de contrats de précarité et de revenus d’assistance passe de l’insupportable àl’intolérable, et celle faite aux exclus du travail reste ce qu’elle a toujours été : révoltante !
- Que faut-il penser de tout cela ?
- Je remarque d’abord qu’aucun membre du gouvernement n’a le droit de parler comme l’a fait la ministre de l’intérieur. Abusant de ses pouvoirs, elle n’a pas seulement enjoint implicitement aux citoyens de croire en la culpabilité des personnes arrêtées alors même que leur procès n’est pas commencé, elle a fait pire : pour les policiers dont elle est la supérieure hiérarchique, cette injonction prend la valeur d’un ordre par lequel elle leur assigne la thèse dont ils doivent faire la preuve : par suite de son intervention, les recherches des enquêteurs sont devenues beaucoup moins fiables ; elle a porté atteinte àla fonction judiciaire de toute la police, et en plus, fêlé d’un coup de massue l’autorité de la chose jugée !...
- Quant au président de la République, il a commis une faute lourde contre la République en omettant de rappeler la ministre àl’ordre constitutionnel.
- En dénonçant ces fautes des journalistes les plus proches du gouvernement et ces forfaitures de ceux qui nous gouvernent, je recherche la manifestation de la vérité ; car, comme il me semble que l’ont compris les habitants de Tarnac qui manifestent leur sympathie et leur soutien aux personnes arrêtées qu’ils connaissent, ces fautes et ces forfaitures tendent àfaire tomber l’enquête dans l’ornière d’une thèse préétablie, qui aurait la force d’une « raison d’Etat », et qui aurait pour effet de rendre plus confortable àla grande bourgeoisie sa domination économique et politique sur notre pays, c’est-à-dire de lui faciliter l’exercice de sa dictature ; sur ce point, les communistes sont, eux aussi, conscients de ces dangers, et par conséquent inquiets.
- La grande hâte que mettent les ministres et porte-paroles de l’état bourgeois qui encadre notre nation àutiliser ainsi l’évènement s’explique : peu leur importe que les personnes arrêtées soient ou non coupables, c’est maintenant que se présente l’ornière : demain, il serait trop tard pour y faire tomber l’enquête car elle pourrait apporter la preuve que les faits sont autres que ce qui nous est présenté, et la machination raterait son objectif !
- Je ne connais pas les modalités de la machination, mais son origine et son objectif sont évidents àmes yeux :
- comme toutes celles qui l’ont précédée dans notre histoire, elle a été fomentée par les milieux occultes de la grande bourgeoisie, et elle est exécutée sous l’inspiration active de ces milieux par une partie bien particulière de la haute hiérarchie de notre police et de notre administration judiciaire, celle naguère baptisée « pantoufle » par certains auteurs, et que relient àla grande bourgeoisie des liens bien plus solides et bien plus profonds que ceux qui les relient aux autorités définies par la constitution ;
- son objectif est d’assurer la continuation du régime politique qui garantit le maintien et le perfectionnement du prélèvement capitaliste du profit, en écrasant sous une montagne de terreur tous les mouvements politiques susceptibles d’y faire entrave et de préparer le renversement de ce régime d’injustice et d’inégalité : au premier chef, ce sont les communistes qui sont visés.
- Ce n’est pas la première fois que la bourgeoisie tente de manipuler la justice dans notre pays, et si elle y réussissait, ce ne serait qu’une fois de plus : chacun peut ici sentir l’odeur de ces machinations qui frappaient les travailleurs de notre pays tout au long du dix-neuvième siècle et encore au vingtième.

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0